Winamax, Parions Sport, Betclic… Ils auront battu des records de chiffre d’affaires durant l’euro de Football qui vient de s’achever.
Impossible d’éviter les innombrables publicités à leur sujet, à la radio comme à la télévision. Sur une radio de grand écoute comme RTL, ce sont même les commentateurs sportifs qui se prêtent au jeu, détaillant paris et cotes avant le début des matches qu’ils s’apprêtent à commenter.
Il faut dire que le « gâteau » est conséquent : 86 milliards d’euros misés à travers le monde sur les différents matchs de la compétition, dont 600 à 700 millions d’euros en France, selon l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ). Soit un tiers de plus que lors du précédent Euro, en 2016. Dans l’Hexagone, au premier trimestre 2021, on recensait ainsi près de 2,5 millions de comptes joueurs actifs. Un chiffre en hausse de 29% par rapport à 2020.
La cible de prédilection de ces sites de paris sportifs, privés comme publiques, est explicite tant par les acteurs que par le vocabulaire, les lieux ou les ambassadeurs utilisés : les jeunes des banlieues. Une drogue comme une autre, pour une population peut-être plus sensible au rêve d’argent rapide et facile véhiculé par les paris sportifs. Ces 18 à 24 ans, qui ne représentaient que 17% des joueurs en 2011, représentent un tiers des parieurs aujourd’hui, selon les chiffres de l’ANJ. Au royaume des paris, et les publicités le montrent bien, pas question de parité : près de 90% des parieurs sont des hommes.
Derrière le succès de ces sites, c’est surtout l’addiction qui est au rendez-vous pour nombre de ces jeunes adultes, ruinant des familles et des vies. Une addiction rendue d’autant plus facile par l’essor du smartphone et la possibilité de parier toujours et partout en un clin d’œil. Il suffit d’un gain pour se croire tout puissant, recommencer, perdre et s’endetter, la spirale infernale classique des jeux d’argent. Car, comme le précise Santé Publique France, les joueurs à risque sont majoritairement de jeunes hommes, issus des milieux sociaux modestes.
Selon l’Observatoire des inégalités, “environ 60% de joueurs à risque ont des revenus mensuels nets inférieurs à 1100 euros. La quasi-totalité a, au mieux, un niveau d’études équivalent au baccalauréat”. Dit autrement, la cible visée par tous les sites de paris sportifs est exactement celle des joueurs ayant le plus de risque de développer un rapport problématique au jeu. Les campagnes de publicité ont beau jeu de promettre un « gros respect pour de gros gains », ou de « mettre la daronne à l’abri ».
Dans la réalité, en matière de paris sportifs, seuls 0,02% des joueurs gagnent plus de 10 000 euros par an. Pendant, ce temps, Denise Coates, propriétaire du site de paris en ligne Bet365, a quant à elle touché 500 millions d’euros de salaire en 2020, faisant d’elle la patronne la mieux payée du Royaume-Uni, avec une fortune estimée à 8,7 milliards d’euros…
Judikael Hirel
Cet article est publié à partir de La Sélection du Jour.